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Finance durable : comment éviter le greenwashing réglementaire
« On voulait bien faire, on a failli très mal faire. »
Je me souviens du jour où on a basculé notre premier fonds en article 8. L’équipe compliance avait relu quinze fois les documents. Les engagements ESG étaient clairs, tangibles. Du moins, on le pensait. Quelques mois plus tard, une remarque de l’AMF a suffi à fissurer l’édifice : critères flous, absence de preuves tangibles, communication trop enthousiaste. En un mot : greenwashing.
Le mot n’avait rien d’anodin. Il sonnait comme une mise en accusation morale. Pourtant, ce n’était pas une arnaque. Juste un malentendu entre notre intention sincère et la brutalité des textes. SFDR, Taxonomie, RIS… C’est un millefeuille d’obligations mouvantes, où l’ambiguïté fait souvent loi.
Entre flou stratégique et précision réglementaire
Aujourd’hui, tout le monde veut être durable. C’est devenu une posture de marché. Mais dès qu’on entre dans le détail, on découvre qu’aligner ses fonds sur des critères environnementaux, sociaux ou de gouvernance ne suffit pas. Il faut prouver. Chiffrer. Justifier. Rendre compte de chaque indicateur.
La Taxonomie verte européenne est impitoyable : si votre activité ne correspond pas à l’un des six objectifs environnementaux identifiés, pas de label. Si vos indicateurs sont déclaratifs, vous êtes dans la zone grise. Si vos critères ESG sont marketing mais pas mesurables, vous êtes en faute. Et pourtant, les incitations à enjoliver sont partout.
Savoir renoncer, c’est aussi être vertueux
Ce que j’ai appris ? Parfois, il vaut mieux ne pas labelliser. Assumer un fonds neutre, bien géré, transparent mais non engagé. C’est plus éthique que d’ajouter un vernis durable à une stratégie opportuniste. Le greenwashing réglementaire ne se détecte pas uniquement dans les intentions, mais dans les dissonances entre ce qu’on affiche et ce qu’on fait.
Nous avons retravaillé toutes nos documentations, réévalué nos critères de sélection, formé nos équipes. Ce n’est pas une simple question de compliance, c’est une question de crédibilité. Et dans cette époque surchargée de labels, c’est peut‑être ce qu’il reste de plus durable.